La courbe du crédit ne s’effrite pas à l’entrée de la nouvelle année et la politique monétaire européenne ne devrait pas changer la donner. Cependant, l’organisme qui contrôle la stabilité du marché financier français compte rajouter des mesures contraignantes pour les banques.
Le crédit jouit d’une bonne vitalité en France
L’organe qui supervise la stabilité du système financier, le Haut conseil de stabilité financière (HCSF), a récemment annoncé son inquiétude au sujet du niveau d’endettement du secteur privé ainsi que des entreprises. Cet endettement est calculé en faisant le rapprochement entre la somme des encours totaux de crédit par rapport au Produit intérieur brut (PIB), soit la totalité des richesses créées par un pays. Et le HCSF précise que les ménages tricolores sont à la tête d’un taux d’endettement de 133,3% du PIB au terme du troisième trimestre de 2018. Les entreprises détiennent quant à eux un taux encore plus élevé avec 175% durant cette même période.
Il faut ajouter que le contexte est particulièrement favorable à l’emprunt. Les ménages peuvent obtenir des offres de crédit à des taux d’intérêt extrêmement faibles. Et la Banque centrale européenne (BCE) s’est prononcée pour un prolongement de la période des taux bas. Elle conserve donc une politique monétaire accommodante notamment pour supporter l’activité économique au sein des pays européens et générer de la croissance.
Aussi, les ménages bénéficient d’un véritable assouplissement des conditions imposées par les banques qui cherchent à compenser le peu de marge générée des crédits qu’elles perçoivent par une production d’encours plus élevée. Une décision qui illustre la bonne performance des encours de crédit en janvier 2019 qui ont augmenté de 6% sur un an sur le marché des particuliers, mais aussi des professionnels. La France est par ailleurs le seul territoire en Europe où le crédit continue de progresser.
Les banques sommées de réévaluer leurs fonds propres
Maintenant, dans un souci de vigilance, le HCSF a renforcé les contraintes réglementaires qui touchent les établissements bancaires. L’organisme de supervision demande une vigilance accrue lors de l’analyse du risque avant d’accorder des crédits.
Enfin, le HCSF compte rehausser d’ici un an les exigences de fonds propres de 0,25%. Une mesure surprenante et incohérente avec la politique dictée par la BCE. En effet, la montée du taux de fonds propres pourrait freiner les ardeurs des banques en incitant moins à la production de prêt. Mais l’autorité souhaite veiller à la bonne régulation de l’endettement des ménages. Une décision qui a fait réagir avec virulence les professionnels de la banque qui estiment ne pas la comprendre suite au contexte décrété par la BCE.